Rapport d’activité 2020-2021 du Commissariat aux Assurances

Comme chaque année, le Commissariat aux Assurances (le CAA) a publié au cours du mois de juillet son rapport d’activité 2020-2021.

L’année 2020 a été une année d’exception compte tenu de la crise sanitaire qui continue à frapper le monde et ce depuis la fin du premier trimestre de 2020 impactant directement notre économie et les marchés boursiers. Dans son précédent rapport, le CAA avait anticipé que la crise sanitaire aura des répercussions importantes plus particulièrement sur le développement à court et moyen terme du secteur.

Comme le souligne le CAA dans son rapport d’activité 2020-2021, la crise sanitaire a eu des conséquences considérables sur le développement du secteur de l’assurance-vie luxembourgeoise. Le  secteur de l’assurance-vie a subi une diminution de son chiffre d’encaissements de primes à hauteur de 17,7% par rapport à l’exercice précédent, principalement dû au fait que les épargnants ont décidé de loger leurs économies dans des instruments liquides ou à très court terme, au détriment des véhicules d’investissement à plus long terme que constituent les contrats d’assurance. Cette différence n’est pourtant pas uniquement le fait de la crise sanitaire, mais aussi que les résultats de l’année 2019 avaient battu tous les records de la dernière décennie.

Le résultat des chiffres concernant l’encaissement de primes de 2020 est inférieur à celui des années 2017 à 2019, sans pour autant passé sous la barre de ceux des années 2015 et 2016. Avec une diminution des primes de 17,5% pour 2020 contre une croissance de 12,5% en 2019, l’exercice 2020 s’est terminé avec des résultats après impôts à 161 millions d’euros, soit une diminuent de 55,9% par rapport à 2019, qui pour rappel était de 365,3 millions d’euros. En rétrospective, les résultats des chiffres d’affaires des 3 premiers trimestres de 2020 montrent des évolutions fortement décroissantes comparé à l’année précédente. En revanche le résultat affiché du 4e trimestre 2020 reste dans une certaine mesure assez constant comparé à celui de 2019. Cette diminution du chiffre d’affaires de l’année 2020 est essentiellement liée aux produits d’épargne à taux garanti.

Les chiffres concernant les primes des différents marchés de l’assurance-vie au Luxembourg n’ont pas tous suivi la même tendance que ceux du marché « purement » luxembourgeois où une baisse de 21,9% pour 2020 a été enregistrée après une croissance exceptionnelle de 13,6% pour 2019 en ce qui concerne les encaissements des primes. À titre de comparaison, les primes en régime d’établissement et libre prestation de service, (i) ont diminué par rapport à l’exercice précédent de 14% pour la France, 35,4 % pour l’Italie, 9,9% pour l’Allemagne, mais (ii) ont augmenté de 45,8% pour l’Espagne, 16,5% pour la Belgique, 10,9% pour les Pays-Bas, 16,7% pour le Portugal et 63,7% pour la Suède. Tout de même une croissance de 30,9% peut être observée au niveau des autres pays de l’EEE. Pour les pays hors EEE un recule de 42,2% est à observer. Le Royaume Uni, considéré dorénavant comme un pays hors EEE, a subi une forte diminution chiffrée à 44,5% par rapport à son exercice précédent. Sur ces chiffres présentés, seul 14 entités sur les 38 établis au Luxembourg ont pu renforcer leurs activités d’assurance-vie, alors que 24 ont dû enregistrer une diminution de leurs primes.

Une progression de 3,2% est à noter sur les provisions techniques chiffrées à 212,8 milliards d’euros comparé à 206,2 milliards d’euros pour l’année précédente. Aucun changement est à constater entre les cinq premiers marchés de l’assurance-vie au Grand-Duché, qui suivant l’ordre sont ; le marché français avec un encours de 70,3 milliards d’euros, suivi par le marché italien avec un encours de 34,8 milliards, le marché belge avec un encours de 23,0 milliards, puis par le marché allemand avec un encours de 18,9 milliards, et finalement le marché luxembourgeois avec un encours de 13,4 milliards d’euros. Cependant une augmentation de 21,1% par rapport à 2019 est à constater pour les prestations de rachats qui se chiffrent à 17,2 milliards d’euros pour 2020. Cet accroissement est essentiellement dû au fait que les prestations ont augmenté de 62,1% pour les activités d’épargne à taux garanti, suite à de nombreux transferts de portefeuille transfrontalier.

Une différence est tout de même à constater d’une part pour les prestations encaissées pour les activités en unités de compte qui correspondent à 67,4% de l’encaissement pour 2020, et d’autre part les prestations pour les activités hors unités de compte qui correspondent à 98,1%. Par rapport à 2019, la collecte nette totale des prestations est en diminution de 60,7% et correspond à 5,0 milliards d’euros. Pour ce qui en est des 5 premiers marchés présent au Luxembourg, la France présente une collecte nette de 3,1 milliards d’euros, l’Italie de 1,4 milliards d’euros, l’Allemagne de 0,3 milliards d’euros et le Luxembourg de 0,4 milliards d’euros. La Belgique quant à elle présente une collecte négative de 0,8 milliards d’euros.

 

Le ratio correspondant des taux de rachats augmente et passe à 8,2% en 2020 (7,4% en 2019), 8,6% pour celui du marché luxembourgeois, 6,9% pour le marché français, 7,1% pour le marché italien, 9,6% pour le marché belge, 6,5% pour le marché allemand. Des taux de rachats supérieurs à 10% ont été enregistrés pour les Pays-Bas, les petits marchés de l’Europe de l’Est, de l’Autriche et de l’Irlande. Les pays hors EEE montrent un taux de rachats global de 11,2%.

Pour 2020 une progression de seulement 3,2% des sommes des bilans des entreprises d’assu­rance-vie de droit luxembourgeois (excluant donc les succursales établies sur le territoire du Grand-Duché) a été enregistrée contre 17,3% pour 2019.

Les bénéfices après impôts diminuent de 55,9%, passant de 365,3 millions d’euros en 2019 à 161,0 millions d’euros en 2020. Cette abaissement des résultats s’explique principalement par les raisons suivantes : (i) les pertes inhabituelles subies par deux des acteurs du secteur, (ii) un acteur qui avait réalisé un bénéfice supérieur à l’ordinaire en 2019 qui ne s’est pas reproduit en 2020, et (iii) une forte diminution des produits nets des placements.

Une légère amélioration du solde pour l’activité de l’assurance maladie (permanent health insurance et d’assurance-maladie classique) est à constater, redevenant à nouveau excédentaire. Un déficit de 0,9 millions d’euros est à noter pour l’assurance accident.

Les actifs repré­sentatifs des provisions techniques hors unités de compte relatifs aux branches d’assurances à taux garantis affichent un rendement positif de 1,86%, en légère diminution de 0,48% comparé à 2019. La revalorisation des contrats s’élève quant à elle en moyenne à 1,14% des provisions techniques et diminue de 0,29% comparé à 2019, laissant ainsi aux assureurs une marge de 0,73%, également en diminution par rapport à 2019 (0,91%), sans pour autant descendre sous le seuil de 2018 et 2017.

Les assureurs de la branche vie ont pu être témoin d’une augmentation de 334 millions d’euros sur le stock de plus-values non réalisées, après correction du résultat suite à l’effet de la réduction des plus-values, un bénéfice proche de 495 millions d’euros est à constater, pour comparaison les chiffres de 2019 suivant le même calcul s’arrêtaient à un bénéfice de 1.345 millions d’euros.

En ce qui concerne le nombre d’entreprises d’affiliation aux trois fonds de pension soumis à la surveillance du CAA, s’élève à 47 au 31 décembre 2020 reprenant un total de 9.941 affiliés, en légère progression comparé à 2019 où le nombre d’affiliés était de 9.859. Leurs engagements techniques ont augmenté et passent de 537,6 millions d’euros en 2019 à 570,8 millions d’euros en 2020.

Comme les années précédentes, le CAA a établi son bilan des travaux réalisés de l’année en cours et s’est fixé à titre d’analyse des risques dans le but de déterminer ses priorités de supervision pour les prochains mois pour notamment revoir, d’une part le niveau de prudence implicite et explicite des provisions techniques et les bilans Solvabilité II de certains acteurs de la place, dont leurs réponses au reporting n’a pas été satisfaisant pour le CAA, et d’autre part le contrôle du dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme mis en place par les entreprises d’assurance vie.

En règle générale et à titre de conclusion, le CAA constate au premier trimestre 2021 un redressement de l’encaissement du secteur de l’assurance luxembourgeois, qui se traduit par une augmentation des primes toutes branches confondues de 16.4% par rapport à la même période de l’exercice précédent, nous donnons ainsi un espoir d’un redressement durable et rapide du marché de l’assurance-vie luxembourgeois afin de pouvoir dépasser les chiffres de 2019 et battre de nouveaux records.

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Auteurs :

Karine Vilret, Partner, Wildgen

Nicolas Melmer, Senior Associate, Wildgen