Par Anne Drif, Amélie Laurin - Les Echos - Publié le 17 févr. 2022 à 16:39Mis à jour le 17 févr. 2022 à 17:51
AXA pousse les feux dans le non-coté. L'assureur prend le contrôle de l'investisseur historique français de la dette privée Capza et grimpe, selon nos informations, aux deux tiers du capital. Depuis 2019, le groupe dirigé par Thomas Buberl en détenait 46 % grâce au rachat de 22 % auprès d'Eurazeo . En trois ans, la plateforme a plus que doublé de taille, à 6,1 milliards d'euros d'actifs.
AXA Investment Managers (IM), la branche de gestion d'actifs du géant de l'assurance, faisait clairement savoir, depuis plusieurs mois, qu'elle comptait se renforcer dans le capital-investissement, une des rares classes d'actifs - sinon la seule -, capable de délivrer une performance à deux chiffres dans un contexte de taux bas.
Des liens anciens
Finalement, le groupe a décidé de capitaliser sur ses liens vieux de quinze ans avec Christophe Karvelis-Senn, qui a fondé Capza en 2004, au lieu de recruter ou d'acheter de nouvelles expertises dans le segment très courtisé des actifs privés.
« Capza devient la plateforme à partir de laquelle nous allons nous développer dans le non-coté direct, explique Marco Morelli, président exécutif d'AXA IM, la filiale de gestion d'actifs d'AXA. Nous avons par ailleurs, avec notre division AXA IM Alts, près de 170 milliards d'euros d'encours dans les actifs réels, tels que l'immobilier, les infrastructures, les crédits structurés et la dette privée. Il y a peu de doublons entre les deux entités. »
Toutes classes d'actifs confondues, AXA IM gérait 880 milliards d'euros d'actifs à fin septembre 2021, avec une nette dominante d'investissements obligataires, liée aux activités d'assurance-vie du groupe. Ce qui en fait le troisième gérant d'actifs français derrière Amundi et Natixis IM et devant BNP Paribas Asset Management.
Le groupe AXA reste actionnaire minoritaire du géant du private equity Ardian , qu'il contrôlait jusqu'en 2013 et qui réfléchit à s'introduire en Bourse.
Autonomie de gestion
Christophe Karvelis-Senn accepte de céder le contrôle avec ses équipes, explique-t-il, afin de répondre à l'enjeu de course à la taille du private equity, où les acteurs de taille moyenne peinent à sortir du lot. Ce parrain du secteur va pouvoir faire grossir sa plateforme d'une nouvelle enveloppe de 3,6 milliards d'euros accordée par AXA sur les cinq prochaines années. En outre, Capza va prendre la totalité du capital de l'investisseur en dette Artemid, auprès d'Amiral Gestion, dont il détenait jusqu'à présent seulement 45 %.
Enfin, sous l'impulsion d'AXA, Capza a pour objectif de se renforcer sur le coeur du non-coté, non plus seulement la dette, mais les investissements en capital dans les entreprises de taille moyenne. Objectif : doubler de taille d'ici à cinq ans, à 10 milliards d'euros.
Un nouveau cap, donc, après les différents mouvements de gouvernance intervenus ces derniers mois, avec les départs du directeur général Laurent Bénard, en octobre dernier, et de Dominique Gaillard , ancien pilier d'Ardian, en novembre, six mois après son arrivée, ainsi que la mise en place d'une nouvelle direction.
Si cession du contrôle il y a, Capza assure qu'il conservera sa complète autonomie de décision. « Notre autonomie de gestion passée et future est le garant de notre modèle qui a fait notre succès jusqu'à aujourd'hui », souligne Christophe Karvelis-Senn.