Par Camille Prigent, Les Echos - Publié le 21 juin 2021 à 08:20Mis à jour le 21 juin 2021 à 12:19
Certaines idées reçues ont la vie dure. La performance est encore citée comme le frein principal à l'investissement dans un produit d'épargne responsable par 11 % des Français, selon un baromètre de CPR AM et Insight AM publié en janvier 2021. La première entrave citée est le manque d'informations sur ces placements.
Et cela explique peut-être que cette idée reçue soit si tenace, car les études sur le sujet sont formelles : l'investissement responsable est aussi performant que le reste du marché… voire plus.
Depuis les années 1970, 90 % des études publiées sur le sujet concluent que les stratégies responsables n'ont pas d'effet négatif sur la performance, dévoilaient Gunnar Friede, Timo Busch et Alexander Bassen en 2015, dans une gigantesque étude compilant les conclusions de 2.200 travaux de recherche mondiaux.
La tendance ne s'est pas inversée six ans plus tard. Les fonds labellisés ISR (investissement socialement responsable), par exemple, ont une meilleure performance par rapport au marché sur toutes les classes d'actifs : en 2020, 62 % d'entre eux surperformaient le marché, selon une étude conjointe du Forum pour l'investissement responsable (FIR) et de l'Ecole polytechnique.
Des entreprises mieux gérées
Comment expliquer cette surperformance ? L'une des raisons mise en avant par plusieurs études est le biais sectoriel des fonds durables, qui ont tendance à surpondérer des secteurs qui ont réalisé de bonnes performances ces dernières années, comme les technologies ou la santé.
Les entreprises attentives à leur responsabilité sociale, sociétale et environnementale seraient également « plus efficaces et mieux gérées », avance l'Autorité des marchés financiers dans une étude parue en mai 2021.
La Financière de l'Echiquier a compilé les données de 500 entreprises sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). En isolant ces critères, elle conclut que le portefeuille composé des 40 entreprises les moins bien notées sur le pilier de la gouvernance génère la plus mauvaise performance sur dix ans (+126 %). A contrario : sur dix ans, le portefeuille composé des 40 entreprises les mieux notées socialement a enregistré une croissance de 333 %.
Des risques mieux intégrés
Les bonnes relations employeurs-employés, la formation, les politiques RH et la qualité du dialogue social ont particulièrement contribué à la résilience des entreprises pendant la crise du Covid-19. En mars 2020, une étude de Bank of America-Merrill Lynch concluait à une surperformance « de 5 à 10 points » de l'indice ESG par rapport aux indices européens et américains au mois de mars, alors que le marché dans sa globalité plongeait de 20 %.
« Les entreprises qui prennent en compte les questions sociétales sont plus réactives, résilientes, retiendront mieux leurs salariés et comprendront mieux les risques liés à la réglementation », explique Grégoire Cousté, délégué général du FIR. Elles adopteront également une attitude plus prudente face aux risques de réputation, ou à ceux liés au dérèglement climatique. De quoi achever de convaincre les investisseurs encore frileux du potentiel de performance à long terme des fonds responsables.
Une surperformance dans toutes les classes d'actifs
59 % des fonds actions
82 % des fonds diversifiés
85 % des fonds monétaires
52 % des fonds obligataires
labellisés ISR ont une performance supérieure à celle du marché.
Source : Etude de l'évolution du label ISR public français et des fonds labellisés, Chen Hongxin, Ecole Polytechnique, avec le Forum pour l'investissement responsable, octobre 2020