L'assurance vie luxembourgeoise confirme sa solidité

Le pays dispose d'avantages non négligeables, dont la stabilité fiscale, juridique et d'une notation AAA Les contrats d'assurance vie en unités de compte sont ici légion (72% des encours totaux) et attirent une nombreuse clientèle mobile professionnellement.

Le Luxembourg est-il un véritable eldorado pour les investisseurs ? Le marché de l'assurance-vie est-il aussi florissant qu'en France ?

Pour répondre à ces questions, l'analyse de Laurent Gayet, directeur général adjoint d'AXA Wealth Europe, filiale luxembourgeoise d'AXA, est éclairante. « Avant, il était régulièrement avancé que le Luxembourg profitait d'un effet conjoncturel. Aujourd'hui, on peut dire que le pays bénéficie d'avantages beaucoup plus structurels. À commencer par la stabilité fis­ cale, politique, juridique quels que soient les politiques au pouvoir. Un contexte optimal pour élaborer une stratégie patrimoniale de long terme. De même, le Luxembourg est noté AAA par les agences de rating ce dont ne peuvent pas se flatter de nombreux pays à l'heure actuelle. Enfin, il permet à ceux qui souhaitent responsabiliser leurs placements avec une quête de sens de s'en donner à cœur joie, le Luxembourg étant, par exemple, le1erémetteur mondial d'obligations vertes ».

L'an passé, la collecte 2020 de contrats d'as­surance vie luxembourgeois en provenance de l'étranger a certes reflué de 18 % pour atteindre 19 Md€. Mais la référence de 2019 est à prendre en compte car c'était une année exceptionnelle. Dans le détail, le pre­mier contributeur, à savoir la France, a tota­lisé 7,6 Md€ de collecte (-14 %), l'Italie 3,8 Md€ (-36 %), l'Allemagne 1,4 Md€ (-11 %) et la Belgique 1,4 Md€ également(+17 %).

Les Français sont les plus averses au risque

La clientèle de contrats d'assurance vie luxembourgeois est surtout constituée d'in­vestisseurs mobiles professionnellement et soucieux de se constituer une épargne sur-mesure, internationale et capable de s'adapter aux différentes étapes de leur carrière. Sachant que le marché luxembour­geois de l'assurance vie diffère assez sensi­blement de celui connu en France, 72 % des encours totaux étant constitués d'unités de compte, alors que le poids des produits actions garantis a reculé l'an passé pour ne plus représenter que 23 % des encours totaux. D'une manière générale, les Français sont les plus averses au risque tandis que les Italiens affectionnent les produits garantis et les Belges s'avèrent les plus résistants au stress. C'est d'ailleurs en vue de répondre à ces différentes réactions face au risque qu'AXA Wealth Europe a lancé en début d'an­née un outil de protection financière dénommé « Pulsar ». Ce dispositif a pour effet de compenser les éventuelles pertes subies à l'issue d'une période déterminée. L'utilisateur choisit la durée et le niveau de franchise pour protéger son contrat et l'outil cote instantanément et de manière ergono­mique la prime correspondante.

Les GAFA, plus gros concurrents potentiels

« Notre profession connaît des heures cru­ciales en termes de business model avec un marché très concurrentiel ce qui pèse sur les marges, assure également Laurent Gayet. Si on se projette Nous devons aussi absolu­ ment prendre en compte le risque de concur­rence à venir des GAFA dans le domaine financier. Car qui maîtrise la data, maîtrisera les clients et les coûts. Pour lutter efficace­ ment contre cette menace, il n'y a pas plé­thore de solutions. Il faut surtout maximiser la fluidité de la relation client en améliorant la proximité avec lui. C'est l'optimisation du phygital qui fera la différence». L'année 2021 a très bien débuté, si l'on en croit le constat du responsable d'AXA Wealth Europe. L'an passé, l'entreprise avait collecté 450 M€ sur le marché français avec un taux d'UC de 65%. Sur les premiers mois de 2021, elle a déjà totalisé 300 M€ de collecte, dont 75% en UC ce qui remplit la mission assignée à cette filiale d'AXA au Luxembourg. Les fonds en euros « poison à mort lente », selon l'ex­pression de Laurent Gayet, intéressent pour­ tant toujours les personnes morales sou­cieuses de placer leur trésorerie et conservent leur utilité en garantie de prêts.

À noter, qu'au Luxembourg, les produits déplacement tunnels (en prévision de la retraite) ne suscitent pas une grande appétence ver­sus l'immobilier même si les mentalités évo­luent. « Mais nous sommes au pays de la réflexologie patrimoniale et de la sérendipité : vous arrivez pour un contrat d'assurance et vous découvrez le crédit lombard avec une équipe patrimoniale d'experts parlant 4 lan­gues », précise Laurent Gayet.

Propos recueillis par Pascale Besses-Boumard