Il ne fait aucun doute que des progrès ont été réalisés lors de la COP26. Bon nombre des engagements pris sont significatifs et la promesse d'une action politique plus agressive est encourageante.
Les principaux objectifs affichés étaient de s'engager sur des objectifs plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, de discuter des mesures d'adaptation aux impacts inévitables du changement climatique et d'augmenter le financement de l'action climatique. Si certaines frustrations demeurent, des progrès notables ont été accomplis dans la réalisation de ces objectifs.
Toutefois, les préoccupations environnementales au sens large n'ont pas fait l'objet d'une attention suffisante, de sorte que la COP26 n'a débouché sur aucun engagement international en matière de biodiversité. Si la promesse de mettre fin à la déforestation d'ici à 2030 est bienvenue, nous pensons que la préservation des habitats naturels est essentielle pour pouvoir modérer la quantité de carbone dans l'atmosphère.
L'absence de progrès sur ces questions est une déception majeure. Les problématiques telles que le gaspillage alimentaire, la pollution plastique et la gestion des déchets sont essentielles.
Les faits sont criants. En 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans1 . La masse totale de plastique représentera deux fois la totalité des mammifères vivants, et 80 % de toutes les matières plastiques jamais produites se trouveront dans l'environnement2 . Les déchets plastiques ne sont pas seulement ingérés par la faune marine : une personne mange en moyenne cinq grammes de plastique par semaine, soit l'équivalent d'une carte de crédit3 . Au total, près d’un million d’individus meurent chaque année de la pollution plastique4 .
La problématique de la pollution plastique pourrait à terme devenir aussi importante que celle des émissions de carbone. Pourtant, elle n'attire pas la même attention, car elle est considérée à tort comme une question lointaine.
Mais ce n'est pas un sujet qui fait gagner des voix. Rappelez-vous de la dernière fois où vous avez entendu un politicien parler de pollution marine ou océanique. Il y a de fortes chances qu'il ait réagit aux images bouleversantes d’une marée noire. La nécessité d'agir était évidente et immédiate, la pression médiatique intense.
Il s'agit toutefois d'incidents isolés qui ne reflètent guère l'ampleur réelle du problème auquel nous sommes confrontés. Chaque année, le plastique inflige 13 milliards d'euros de dommages aux écosystèmes marins mondiaux et 630 millions d'euros de pertes annuelles pour le tourisme et les communautés côtières de l'UE5 .
Et la situation ne fera qu'empirer, la Banque mondiale s'attendant à ce que les déchets solides municipaux de la planète doublent d'ici 15 ans, les plastiques à usage unique étant les principaux responsables.
Il est temps que la COP cherche à répondre correctement à ces préoccupations environnementales globales. Voulons-nous que la mer et ses habitants soient étouffés par les déchets plastiques ? En ignorant ces défis, nous risquons de réussir à maintenir la planète en deçà d'un réchauffement de 1,5 degré, pour nous apercevoir ensuite que nous l'avons transformée en dépotoir.
Élargir les débats pour obtenir des engagements sur la biodiversité et la réduction des déchets ne peut plus être laissé à plus tard, il devient essentiel d'agir sans délai. La COP est le seul organe ayant l'envergure et l’influence pour faire des progrès significatifs sur une question qui a trop longtemps été considérée comme un problème lointain par les gouvernements.